mardi 22 juin 2010
Dahmane El Harrachi
Originaire d'Alger, Dahmane El Harrachi s'installe en France en 1949 où il compose
des chansons qui évoquent sa ville natale et le déracinement des travailleurs
immigrés.
Né le 7 juillet 1925 à El Biar, un quartier résidentiel d'Alger. El Harrachi, de son vrai
nom Amrani, grandit à El-Harrach (ex-Maison Carrée), dans la banlieue algéroise.
Son père, Cheikh El-Amrani, muezzin de la Grande Mosquée de la capitale
algérienne, l'élève dans le respect des principes musulmans. Il suit les cours de
l'école coranique et fréquente l'école primaire jusqu'à l'obtention de son certificat
d'études. Le jeune homme exerce divers métiers dont la cordonnerie et, pendant
sept ans, celui de receveur de tramway. C'est au cours de cette période qu'il entame
ses débuts musicaux, intégrant une troupe d'amateurs qui tourne dans toute l'Algérie.
En 1949, il se rend en France et s'installe à Lille, puis à Marseille et enfin à Paris qu'il
ne quittera pratiquement plus. C'est dans les cafés, embués de vapeurs éthyliques et
de nostalgie qu'il se produit. Dans ces endroits, où l'on vient humer l'air du "pays",
Dahmane, virtuose du banjo, interprète singulièrement de sa voix rendue rocailleuse,
par l'alcool et le tabac, les classiques du chaâbi, en séduisant et bouleversant les
consciences. Bientôt, Dahmane s'impose par ses propres chansons, écrites dans les
années cinquante, hantées par Alger la Blanche, les femmes et "la plus haute des
solitudes" du travailleur immigré. Du genre populaire de la musique de la Casbah
d'Alger, El-Harachi garde les lignes mélodiques et une nette propension aux
proverbes et aux dictons de la tradition orale. Son chaâbi utilise un parler
compréhensible par toute la communauté maghrébine. Ce qui explique, en partie,
son large succès.
Découvert sur le tard par la nouvelle génération, EI-Harrachi a droit à une première
scène digne de ce nom, lors du Festival de Musique maghrébine de la fin des
années 1970 à la Villette. En Algérie, terre qu'il n'a jamais cessé d'évoquer, il fait
deux apparitions avant de connaître une fin tragique, le 31 août 1980, dans un
accident de voiture sur la corniche algéroise.
De Dahmane, il nous reste un vaste répertoire et un documentaire réalisé par Hadi
Rahim pour la télévision algérienne. Rachid Taha lui a rendu hommage en reprenant
un de ses meilleurs titres : "Ya Rayah" ("Candidat à l'exil/ Tu auras beau voyager oùtu veux/ Un jour tu finiras par revenir à ton point de départ."). En un chant bref,
Dahmane a su résumer le cours de la destinée de toute une génération en exil.
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