vendredi 25 juin 2010
Abdelhalim Hafez
Abdelhalim Hafez connu sous le nom deAbdelhalim Chabna est né en 1929 dans le village des Halwat, aux environs du Caire. Très tôt son destin s'avère difficile. A sa naissance, sa mère succombe à une série d'hémorragies et c'est sa belle mère qui l'accueille et l'entoure de toute son affection. Mais son père décéde à son tour. L'enfant part alors vivre chez son oncle, petit fonctionnaire d'état. Abdelhalim aurait, dit-on, « tété de plusieurs femmes du village », ce qui lui confère le statut d'enfant et de frère du village.
C'est à l'école primaire, que le jeune garçon attire l'attention de son professeur de musique, Mahmoud Hanafi. Ce dernier voit en lui une graine d'artiste, et l'encourage à continuer dans ce sens.
En 1940, Abdelhalim, alors âgé de onze ans, quitte le village en compagnie de son frère. Il prend la direction de l'Ecole Nationale de Musique du Caire. Six ans plus tard, en 1946, il obtient son diplôme de fin d'études et fait la connaissance de Kamal Ettaouil. Leur rencontre donnera lieu à un des duos "chanteur/compositeur" des plus talentueux de la musique arabe.
Fraîchement diplômé, Abdelhalim est nommé professeur de musique mais l'enseignement ne s'avère pas son truc. Il accumule les absences et s'adonne de plus en plus au chant. Et puis ce qui devait arriver, arriva. Il est licencié par le ministère de l'Education en 1951.
Sa carrière d'artiste prend alors son envole vers 1952. Grâce à son ami et compositeur Kamal Ettaouil, alors responsable de la programmation radiophonique Egyptienne, il rejoint les Services de la Radiodiffusion. C'est à cette époque qu'il rencontre le grand Mohammed Abdelwahab.
Convaincu du talent d'Abdelhalim Hafez, les deux hommes entament une collaboration musicale qui ne cessera jamais. En revanche, les prestations vocales d'Abdelhalim Hafez ne lui confèrent pas l'aval de la commission d'évaluation des talents de la radio. Déterminé à se faire entendre, il décide de se produire sur scène, dans des circuits indépendants. Sollicité lors d'un concert pour remplacer une chanteuse absente, Abdelhalim Hafez interprète un titre composé par Kamal Ettaouil.
C'est la révélation ! Personne n'avait jusqu'alors compris que sa voix s'adaptait mieux aux compositions initialement prévues pour des interprètes féminines. « Le rossignol brun » est né ! Mais là encore, l'artiste doit se battre pour imposer sa voix, et rentrer dans le cercle fermé des chanteurs égyptiens, dominé par des ténors comme Abdelouaheb, Oum Keltoum, Farid Al Atrach et bien d'autres.
Le dernier grand hommage rendu au "rossignol" fut celui de Mohamed Abdelouaheb. La chanson "Min ghir lih" spécialement composé pour le chanteur égyptien, et qu'il ne cessera d'ailleurs de fredonner sur son lit de mort, sera finalement interprétée par Abdelouaheb en personne, à l'âge de 90 ans ! Asthmatique, ce qui étonne aujourd'hui dans le parcours de ce chanteur hors pair, était sa capacité à tenir sur scène des heures durant. Juste une histoire de passion.
En 1945, un jeune homme, Abdel Halim, et son frère Ismaïl s’installent au Caire et s’inscrivent à l’Institut arabe de musique. Le premier choisit d’étudier le hautbois, alors que l’instrument à la mode était le luth, brandi comme un étendard par Farid El Atrache ou Mohamed Abdel Wahab. En mai 1948, Abdel Halim Hafez obtient son diplôme, dans une promotion où il avait côtoyé Kamal Al Tawil et Ali Ismaïl, ses futurs compositeurs. L’année suivante, devenu célèbre en tant qu’acteur (il a incarné un jeune premier dans Dalilah), il est nommé au pupitre des hautbois au sein de l’Orchestre symphonique de la radio. Sa carrière musicale débute réellement à partir de 1952 et, par la suite, la renommée de celui qu’on surnomma « le rossignol brun » dépassera les frontières de la terre des Pharaons pour conquérir les cœurs et les esprits des jeunes dans tout le monde arabe. Surgi au moment des luttes anticolonialistes, des multiples tentatives avortées d’union arabe, de la nationalisation du canal de Suez et de l’émergence de nouveaux talents littéraires (Ihsan Abdel Qodous) ou cinématographiques (Youssef Chahine), Abdel Halim représente un modèle de réussite auquel ses origines modestes ne le destinaient pas. Né le 2 juin 1929 à al-Hilwat, un village de la province d’al-Charqia et orphelin très tôt, un autre grand malheur l’accablera jusqu’à sa mort : une bilharziose tenace dont les symptômes apparurent en 1940. Il meurt des suites de sa longue maladie le 30 mars 1977, à l’hôpital King’s College de Londres. A quarante-huit ans, il n’avait pas eu le temps de concrétiser de nombreux projets : pouvoir enfin fonder une famille, construire un hôpital dans son village et lui fournir eau courante et électricité, jouer le rôle du fou de Leila dans une opérette écrite par Mohamed Abdel Wahab et bien d’autres choses encore. Aujourd’hui, Abdel Halim, accompagné lors de son enterrement en 1977 par plus de deux millions de personnes éplorées, fait l’objet d’un véritable culte en Egypte. Son style qui tranchait avec celui de ses aînés a influé sur plusieurs générations. En effet, il n’avait pas un air compassé sur scène ; il souriait, bougeait, communiquait avec son public. Les tenants de la jeel music lui doivent une certaine vivacité rythmique, les vedettes du moderne soudanais et maghrébin se sont inspirés de ses mélodies. Khaled, le roi du raï, n’hésite pas à entonner, en privé, un air de Hafez et Natasha Atlas, la prêtresse de la techno orientale a carrément intitulé un de ses albums Halim. Il nous reste de lui des documents télévisés, seize longs métrages et un grand répertoire, souvent décliné sur le mode kourdi, dont Wael Sami, la nouvelle coqueluche du chant asri (moderne) égyptien, nous fera entendre quelques morceaux délicatement choisis.
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